Avec du recul, je réalise que l’opportunité d’écrire sur ma première expérience de FIV m’a permis à la fois de clore ce chapitre et d’ouvrir celui de la suivante. Honnêtement, rien n’était décidé à ce moment-là, mais suffisamment de temps avait passé pour que s’estompe l’épreuve que cela avait été, pour que l’idée d’une 2nde FIV puisse commencer à germer.
Je pense d’ailleurs que le fait d’écrire : Je commence à envisager que je n’aurais jamais d’enfant. J’espère tout de même que la vie nous offrira ce présent magnifique de devenir parents. Peut-être que d’ici 1 ou 2 ans retenterons-nous la PMA, à l’étranger ou en Suisse pour bénéficier de lois et de techniques plus avancées, m’a permis de réaliser que si je ne tombais pas enceinte naturellement, il me faudrait retenter ma chance. En effet, je suis fervente partisane du « plutôt vivre avec des remords qu’avec des regrets ».
Je me souviens que lorsque j’ai abordé le sujet avec mon compagnon, nous étions en voiture, en route pour un week-end à la montagne. Je ne sais pas vous, mais les trajets longs en voiture, nous sont toujours propices en terme de discussions. Je voulais le sonder, savoir où il en était de son désir de paternité. Le sujet, sans être tabou, n’était pas vraiment revenu sur la table. Depuis 2 ans il y avait comme un statu quo : j’avais besoin de me remettre de ces 4 ans d’essais infructueux, en espérant plus ou moins que je tombe enceinte naturellement. Seulement, était arrivé ce moment où ce n’était plus assez, j’avais besoin de me projeter, de m’accrocher à un nouvel espoir, de me préparer à cette prochaine FIV qu’au fond j’avais décidé d’entreprendre.
Sans surprise, mon compagnon m’a dit qu’il ne se posait plus trop la question. Qu’en 5 ans d’essais cela aurait déjà dû arriver, qu’il était sortit très désabusé de la première FIV et qu’il n’avait pas vraiment envie d’investir à nouveau autant d’argent et d’énergie. Cela a été très dur à attendre pour moi, car lors de la première FIV je m’étais sentie très seule. Comme si je portais seule ce projet. Mon chéri n’était pas absent, mais son soutien me semblait faible par rapport à ce que j’aurais vraiment eu besoin. Un engagement plus proactif aurait pu changer ou du moins alléger pas mal des étapes de ce long et pénible processus. Ses mots me montraient que son désir de parentalité n’était pas aussi fort que le mien et j’avais la conviction que pour que cela marche enfin, il nous fallait à tous deux vouloir du fond de notre cœur, marcher main dans la main avec conviction. Une envie molle ne suffirait pas.
A ce moment là, j’ai dû ravaler ma frustration et les pensées qui me traversaient depuis un moment; qui d’ailleurs me traverseraient encore régulièrement dans le futur. L’idée la plus récurrente était que cela était la preuve que lui et moi n’étions plus faits pour être ensemble, que nos aspirations profondes divergeaient.
Pourtant, il me disait aussi que pour lui la seule chose qui comptait c’était d’être avec moi, que j’étais ce qui était le plus important pour lui, qu’il pouvait donc faire le deuil d’être père. Il était déjà comblé. Paradoxalement, j’aurais dû savourer ses mots d’amour au lieu d’avoir un gout amer dans la bouche.
J’avoue, donc que mon argumentation s’est basée sur cette déclaration : si tu m’aimes tant, tu comprendras que pour moi c’est important de ne pas abandonner maintenant. Je lui rappelais que je m’étais toujours vue avec des enfants, que je voulais bien croire aux miracles, mais qu’après tout ce temps, j’avais besoin de la perspective d’une nouvelle FIV. De savoir que cela était possible et envisageable me permettrait d’avancer plus sereinement, de renouveler et soutenir mon espérance de devenir mère un jour. J’étais loin de l’étape du deuil. Je lui disais aussi que je n’avais pas forcement envie/ besoin de le faire rapidement, mais mon âge avançant, d’ici 1 ou 2 ans cela me semblait juste.
Je ne me souviens plus exactement, à quel moment il a finalement cédé à son ambivalence. D’un côté évidemment il voulait être père et m’aimait, mais de l’autre la FIV était en opposition totale à ses valeurs et questionnements. Mon chéri est quelqu’un qui se pose beaucoup de questions. Le côté mercantile (à ce moment là nous n’étions passés que chez un spécialiste en libéral), le côté ultra médicalisé d’un acte pourtant normalement des plus simples, les questions éthiques : faut-il contraindre ainsi la nature, n’est-ce pas la preuve de ce besoin de toute puissance de l’homme, faut-il continuer à faire des enfants dans un monde décadent ? Toutes ces questions alimentaient plutôt son désir de tourner la page. Mais comme je le disais, il a concédé un accord de principe.
A l’époque, et cela a sans doute eu une importance dans ma volonté de reprendre des traitements, ma collègue venait de faire une 2e FIV (après l’échec de la première) et était très contente de sa doctoresse à l’hôpital cantonal. Je suis d’ailleurs ravie d’écrire que cette FIV fut la bonne car elle accoucha d’une petite fille quelques mois après. Pour ma part, les mois qui suivirent furent très chargés professionnellement, aussi nous décidâmes d’aller consulter cette doctoresse sitôt un semblant de calme retrouvé.
C’est ainsi qu’en novembre 2019, nous avons été rencontrer cette spécialiste.
Nous avons eu l’impression d’être enfin écoutés, considérés comme des patients et non comme des clients.
Nous avons pu poser toutes les questions qui nous taraudaient : notamment existaient-ils des investigations complémentaires pour déterminer les causes de notre infertilité à ce jour toujours inexpliquée ? La doctoresse nous a expliqué que oui il existait des tests, mais que les faire ne changerait pas forcément la donne et qu’ils étaient onéreux.
L’échec d’une seule FIV dans notre cas ne voulait rien dire et qu’avec l’aide des nouveaux protocoles (dont nous n’avions pas encore pu bénéficier) nous pouvions décemment espérer un résultat positif.
Cette rencontre a fini de nous convaincre de retenter une FIV. Sans doute pour l’automne 2020 car le début 2020 s’annonçait pour moi chargé en terme de formations. J’avais encore besoin de me consacrer du temps, à ma reconversion professionnelle. Je savais qu’ensuite la FIV et la maternité je l’espérais, mettraient un frein à tout le reste. Mais ce premier rendez-vous avait permis de relancer le processus, poser la première pierre et entrevoir à nouveau la lumière dans ce long tunnel de l’infertilité.